Lucas-le-rat et quelques nouvelles de notre drôle de vie…

     Je vois bien qu’il vous manque, Lucas-le-rat, que vous avez envie d’en savoir plus sur notre cohabitation par lui choisie… Lucas-le-rat, donc…

     On en était restés au moment où je me décidais, un peu la mort dans l’âme quand même, de répandre un peu de mort aux rats dans ma chambre… et à finir la nuit dans une autre chambre bien sûr… Le lendemain soir, armée de la certitude que mon copain Lucas-le-rat avait bien festoyé (il n’y avait qu’à voir la façon dont il avait traîné du poison un peu partout dans la chambre), armée surtout d’un balai, je suis partie à la recherche du corps… Rien sous le lit… Rien sous la commode… Derrière les étagères peut-être ? J’ai déplacé les étagères, passé le balai derrière, et vu surgir Lucas-le-rat, sûrement tout aussi effrayé que moi de cette rencontre… N’empêche que c’est moi qui ai crié le plus fort, tout Lucas-le-rat qu’il était !… J’avais oublié qu’il y a longtemps que la mort aux rats n’est plus faite de poison foudroyant… des anticoagulants, c’est, la mort aux rats, maintenant… ce qui veut dire qu’il faut du temps pour que ça agisse…

     C’est comme ça qu’on a continué à se fréquenter, Lucas-le-rat et moi… Tous les après-midi, pendant la sieste des filles, quand j’allais bosser un peu dans ma chambre devenue univers carcéral, en prenant bien soin à refermer la porte pour éviter toute évasion du captif, et en prenant bien soin aussi à recroqueviller mes pieds sous moi et sur le fauteuil de bureau, pour éviter tout contact… Fréquenter, c’est un grand mot : je ne le voyais pas, ne l’entendais qu’exceptionnellement….

     Et puis vendredi, il y a quinze jours, il a fallu préparer les vacances et faire les valises. La valise, elle était dans ma chambre. Je suis allée la prendre. Lucas-le-rat était dedans.

     Là encore, je remporte au la main le concours du cri le plus strident…

     Et du geste de panique le plus efficace du monde : j’ai relâché la valise, piégé Lucas-le-rat à l’intérieur… Le plus dur était fait… Il suffisait ensuite d’aller chercher un sac, de bien le positionner, d’entrouvrir la valise, de voir Lucas-le-rat se précipiter à l’intérieur du sac et de jeter sac et rat à l’extérieur de la maison dans le même mouvement… Le tout en transpirant comme un petit goret et en engueulant les filles qui ne faisaient rien d’autre que de m’encourager derrière la porte close de la chambre…

     Une vraie scène de guerre, vous dis…

     Et j’ai vaincu…

     Et j’ai vu Lucas-le-rat s’éloigner, un peu groggy, sur l’avancée de toit par laquelle, sans doute, il avait réussi à entrer dans la maison…

     Compte-tenu de la quantité d’anticoagulants qu’il avait avalé en quelques jours, je ne suis pas sûre que mon copain ait pu profiter vraiment de sa liberté nouvelle mais c’est bien aussi de se dire qu’il était enfin là où il devait être. Et que la maison redevenait terrain sûr…

     Suis très forte, hein ?

     En même temps… il faut bien que je l’avoue à un moment donné… toujours cette même et douloureuse question d’honnêteté… quand j’ai jeté Lucas-le-rat avec son sac et qu’il en est sorti, j’ai bien vu que Lucas-le-rat n’était pas vraiment un Lucas-le-rat… Plutôt un Paulo-le-mulot… Et là, je vois bien que votre admiration face à mon courage indicible est retombée comme un soufflé… Vraiment une connerie, que cette histoire d’honnêteté, hein ?

     D’autres nouvelles de nous ?

     De nouvelles vacances à notre actif, donc… On avait une petite semaine devant nous… Cette fois-ci, on a fait le choix de partir en vacances… au Vietnam ! Et c’était très bien… Ce sera l’objet d’un nouveau billet…

     Louise a commencé, en début de semaine, dans une nouvelle école… Ca s’appelle Boule et Billes, c’est aussi l’endroit où Alice va à la crèche, c’est une toute petite structure française, familiale et bien menée, sans prétention et avec sérieux. On est contents, Louise est contente et Alice est contente… Que demander de plus ?

     Eric a recommencé, en début de semaine aussi, à courir régulièrement… Il faut croire que sa participation au semi-marathon d’Angkor l’a convaincu que ce pouvait être drôle…

     Et moi ? Moi, j’ai inventé un nouveau truc pour me faire remarquer… les cheveux de toutes les couleurs, j’ai déjà fait… le rat-mulot dans la chambre aussi… alors j’ai tenté un truc du côté santé… Il me fallait être un peu inventive : la H1N1 en pleine grossesse, c’était fait aussi… fallait faire mieux… samedi dernier, me suis retrouvée au lit avec une grosse fièvre, des courbatures et une fatigue terrible… Grippe sans doute… On a un peu pensé à la dengue… J’ai pris du paracétamol et j’ai attendu. Patiemment… jusqu’à mardi où la fièvre n’avait toujours pas baissé, où les douleurs avaient empiré, et où j’avais la gorge en feu… Il a bien fallu aller consulter… je vous passe les détails : mononucléose… Là où c’est intéressant, c’est que j’ai déjà eu la mononucléose qui est une maladie qui ne se déclare que lors de la première exposition. Un peu comme la varicelle ou la H1N1… « Ca peut arriver », a dit le médecin. « Mais pas très souvent », il a ajouté…

     Et si je refaisais la H1N1, dans la foulée ?

     On rigole bien, dans notre nouvelle vie à nous à Saigon, hein ?

Une réponse à “Lucas-le-rat et quelques nouvelles de notre drôle de vie…

  1. Carrraaaamba ! Que d’aventures ! En tout cas on ne s’ennuit pas en te lisant 😉 Mais rassure-toi : Lucas-le-rat ou Paolo-le-mulot, tu as toute ma consideration car je n’aurai pas fait le quart de ce que tu as eu le courage d’affronter !!!! BRAVO et COURAGE pour les semaines à venir avec cette vilaine recidive pfff…pas cool. Bisous

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